“le photographe avait floué 33 couples de mariés” la provence, 10/01/2022

Jean-Charles écope de huit mois avec sursis probatoire et une interdiction de gérer

Photographe, c'est un métier. Surtout lorsqu'on se lance dans les mariages, une journée qui, normalement, n'est pas appelée à se reproduire. Malgré des tarifs plus de deux fois inférieurs à la concurrence, Jean-Charles avait tout du pro. L'aplomb - à défaut d'assurance - la page web avec des images de rêve, et même une Rolex, une décapotable et un Montblanc pour signer le contrat. Le problème c'est qu'une fois les festivités terminées, ce jeune homme d'Auriol avait une fâcheuse tendance à disparaître. De mars 2016 à juillet 2019, pas moins de 33 couples en ont fait les frais après avoir déboursé tout ou partie des 500 à 1 200 € demandés par prestation.

Jean-Charles venait généralement avec un vidéaste ou un "stagiaire", entraînant "deux repas traiteur de plus", soupire une victime. Mais pour 23 des mariés, il n'est même pas venu. Les autres ont parfois reçu une clé USB avec des photos "de très mauvaise qualité", ou qui n'étaient pas les leurs, mais ils découvraient ensuite d'autres images de leurs noces en guise de pub sur le site du photographe. Après une avalanche de plaintes, les gendarmes de la brigade de Roquevaire ont placé le "photographe" de 36 ans en garde à vue. Devant les enquêteurs, il a nié toute escroquerie, malgré des numéros de Siret fantaisistes et des adresses volatiles. "J'ai pas su gérer, je me suis enfermé dans un délire en me disant que ça allait s'arranger", a encore concédé l'autodidacte renvoyé devant le tribunal correctionnel pour escroquerie.

Des mariés contrariés prêts à lui "faire la peau"

"C'est la cavalerie de l'escroc ça...", pointe la présidente Pendaries en relevant que parfois, deux mariages étaient prévus le même jour... Mais pour ça encore, Jean-Charles a une explication : "J'anticipais de travailler avec des gens que j'avais formés". Les victimes bouillonnent. Sur internet, Jean-Charles a même fait l'objet d'un groupe sur Facebook. Près de 200 membres s'y réunissaient, des mariés contrariés prêts à lui "faire la peau". De quoi justifier, selon lui, qu'il se soit caché. "Vous auriez pu commencer par les rembourser...", suggère la présidente, un brin agacée par le déni du prévenu. "Pas un mot d'excuses. On aurait affaire à un artiste dépassé...", ironisent les conseils des parties civiles. "Il y a manoeuvres frauduleuses, remise d'argent... Ce sont des faits d'escroquerie", insiste le procureur Boitard, en requérant 18 mois de sursis probatoire. Mais en défense, Me Pizarro plaide la relaxe : "C'est une grosse négligence civile, mais pas du pénal, estime l'avocat. Il y a bien des confrères qui font des divorces à 500 €... Mais évidemment ce n'est pas tenable."

Jean-Charles écope de huit mois avec sursis probatoire et une interdiction de gérer. Mais il devra payer plusieurs dizaines de milliers d'euros de dommages et intérêts. Toutefois, son avocat a fait appel.

Précédent
Précédent

“Menacée d’une interdiction partielle, la filière du CBD saisit la justice” le point, 14/01/2022

Suivant
Suivant

“Cannabis : pourquoi le secteur florissant du CBD se lance dans une bataille judiciaire contre l'Etat” france info, 09/01/2022